Constance MAYER

"Constance Mayer atteignait 46 ans en 1821 lorsque le roi décida de rendre la Sorbonne à l'Université. C'est là, au milieu d'une colonie d'artistes où il comptaient de nombreux amis que Prud'hon habitait depuis dix-huit ans, Constance depuis onze. Elle avait depuis 1816 un logement plus vaste, éloigné de celui de son ami qui n'avait qu'un logement avec chambre. Tous deux travaillaient dans l'atelier de Prud'hon, mais leur vie sociale et familiale se déroulait chez Constance. Les apparences étaient sauves. Après quinze ans de vie commune, elle put s'imaginer leur couple, comme les époux du Rêve du Bonheur, voguant paisiblement sur le fleuve de la vie, conduit par la Fortune et l'Amour.
La nouvelle la frappa brutalement. Il allait falloir déménager, sans être assurés de retrouver les mêmes facilités de vie. Elle redoutait les commentaires que l'on ferait s'ils devaient louer en ville des appartements voisins. Seul un mariage pourrait justifier leur intimité. De bonnes âmes dit-on, se chargèrent de lui donner des scrupules.
Ses lettres témoignent d'un trouble profond, d'une angoisse devant l'avenir, d'une jalousie maladive qui donnaient parfois lieu à des crises aigües. Elle lacéra un jour le dessin que Prud'hon avait fait d'une visiteuse trop belle...
A la perspective d'un déménagement inévitable, elle evoque ce " conflit de trouble", ces "orages amoncelés"...
Le 26 mai, alors qu'elle travaillait dans l'atelier de Prud'hon, une lettre arriva qui annonçait au peintre une grave maladie de sa femme [alors internée pour troubles psychiatriques]. Constance lui demanda : " Prud'hon, si vous deveniez veuf, vous remarierez-vous ?" Le peintre, ne pensant qu'à l'union malheureuse contractée quarante tois ans auparavant répondit : " Ah, jamais !". Restée seule, elle se trancha la gorge avec le rasoir du peintre. "

[ Prud'hon meurt le 16 février 1823]
" ...A ses proches, il avait dit : " Ne pleurez point ; vous pleurez mon bonheur car je vais rejoindre cet ange de bonté, cette amie dont les suffrages étaient si doux à mon coeur."

Catalogue de l'Exposition Prud'hon (23 09 1997- 12 01 1998)
Sylvain Laveissiere , page 300 avec les sources.  

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